How to use inclusive language in French
Posted by Josh on 14th Nov 2022 in the blog in the learning french category
Comme tout apprenant le sait, la langue française est genrée. Cela signifie que les noms, les pronoms et la plupart des adjectifs doivent s'accorder au masculin ou au féminin selon le contexte. Pour de nombreux étudiants, c'est d'ailleurs l'un des aspects les plus difficiles du français, car cela complique son apprentissage et exige une réflexion certaine lorsqu'il s'agit de former des phrases.
Depuis quelque temps, l'utilisation du genre en français fait polémique pour une tout autre raison : son manque d'inclusivité. Certains estiment que la façon dont la langue privilégie les formes masculines — par exemple le fait qu'un groupe d'objets soit toujours désigné au masculin même s'il comprend des noms masculins et féminins — reflète des sensibilités patriarcales dépassées. D'autres rejettent purement et simplement l'idée du « genre », car ils estiment que cette dichotomie a pour effet d'exclure ceux qui ne s'y retrouvent pas et invite la question du genre là où elle n'a pas forcément sa place.
Cependant, son utilisation est ancrée dans tous les aspects de la grammaire française. Par conséquent, les efforts visant à rendre la langue suffisamment inclusive pour tous nécessitent des changements fondamentaux au statu quo.
As any French learner will know, French is a heavily gendered language. This means that nouns, pronouns and most adjectives change form depending on whether they are masculine or feminine. For many students, this is one of the most challenging aspects of learning French, as it complicates the learning of vocabulary and requires a little more thinking on the part of a speaker when it comes to putting sentences together.
But recently the gendered status of French has come under criticism for an altogether different reason: its lack of inclusivity. Some feel that the way French privileges the masculine forms — for example the fact that a group of objects will always be referred to in the masculine even if it includes both masculine and feminine nouns — reflects outdated patriarchal sensibilities. And there are those who reject the gender binary altogether, as they feel that the division of the language into masculine and feminine forms works to the exclusion of those who do not identify as male or female, and brings the matter of gender into places where it otherwise has no bearing.
But gender is hard-baked into all aspects of French grammar. As a result, any efforts to make the language inclusive enough to work for everyone require sweeping adjustments to the status quo.
L'utilisation du genre grammatical n'est pas une exception française, environ un quart des langues mondiales sont formées de manière similaire. Il y a néanmoins quelques différences, comme le néerlandais et l'allemand qui possèdent une troisième catégorie, le « neutre ». Les langues romanes, quant à elles, n'utilisent que le masculin et le féminin. C'est le cas notamment de l'italien, de l'espagnol, du portugais et — vous l'aurez deviné — du français.
Ces langues sont issues du latin, qui est à son tour dérivé d'une famille de langues hypothétique plus connue sous le nom de « langues indo-européennes », et c'est malheureusement là que les choses se compliquent. Même si les spécialistes ne sont pas d'accord sur certains détails, le consensus général est tout de même que « l'indo-européen commun » permettait de distinguer les noms animés de ceux inanimés — par exemple une pierre et un oiseau — et qu'au fil du temps, ces distinctions se sont transformées en classifications, pour devenir celles que nous connaissons aujourd'hui, c'est-à-dire le masculin et le féminin.
Bien que le français soit genré depuis ses origines, cela ne signifie pas pour autant que son évolution a été linéaire. En fait, certains aspects de la langue sont devenus moins inclusifs, voire potentiellement plus sexiste, au fil des siècles. Par exemple, si un nom, pronom ou adjectif pluriel était utilisé à l'époque pour faire référence à un groupe de sujets masculins et féminins, l'accord se faisait par rapport aux sujets majoritaires. Ainsi, si vous vouliez vous référer à un groupe composé de 4 lapins et 6 lapines, l'accord se serait bien fait au féminin : « 6 lapines et 4 lapins mignonnes et douces ». Toutefois, cette règle semble avoir officiellement changé au début du 19e siècle, le masculin l'emporte donc maintenant sur le féminin.
Une autre règle qui a changé est celle de « l'accord de proximité ». Selon cette règle, l'adjectif doit s'accorder avec le nom dont il est le plus proche, quel que soit le genre de celui-ci. Les deux phrases « Florence et François sont beaux » et « François et Florence sont belles » seraient donc correctes. Mais une fois encore, les choses ont changé de sorte que, peu importe l'ordre des noms, tant qu'il y en a un masculin, l'adjectif se doit d'être accordé en conséquence. Le masculin l'emporte donc sur le féminin ici aussi.
Les partisans de l'écriture inclusive citent cet exemple, ainsi que d'autres, pour illustrer la façon dont la langue évolue pour refléter les valeurs sociales de l'époque. En effet, l'anglais lui-même était autrefois genré — il y a très longtemps — mais le fait que ce ne soit plus le cas rend l'idée d'inclusivité beaucoup plus simple.
Cependant, et contrairement à l'anglais, la langue française est gérée par un organisme national connu sous le nom « d'Académie française ». Celle-ci s'est montrée, historiquement, plus que réfractaire au changement dans la langue. En effet, en 2017, l'Académie a publié une déclaration proclamant qu'en raison de « cette aberration "inclusive", la langue française est désormais en danger de mort. » Les démarches visant à rendre le français plus inclusif ne sont donc pas officiellement reconnues.
French isn't unique in having grammatological gender — around a quarter of the world's languages are gendered in a similar way, although there are often differences, with some languages like Dutch and German having 'common' or 'neuter' genders in addition to masculine and feminine. The Romance languages only have two genders, however, and these include Italian, Spanish, Portuguese and — you guessed it — French.
These languages come from Latin, which in turn derives from a hypothetical language known as Proto-Indo-European, and it's here where the history gets murky. Scholars disagree about the particulars, but the general consensus is that Proto-Indo-European had a way to distinguish between animate and inanimate nouns - for example a rock and a bird - and that over time these distinctions morphed into the classifications we know today as masculine and feminine. In other words, the bird became male, and the rock became female.
So French has been gendered since its very beginning. But that doesn't mean it's evolved in a straight line. In fact, some aspects of the language have become less inclusive, or arguably more chauvinistic, as the centuries have gone on. For example, it used to be the case that if a plural noun, pronoun or adjective was used to refer to a group of both male and female subjects, then the gender of the word would correspond to whichever group had more people. So for instance, if you wanted to refer to a group of ten rabbits, four of whom were boys and six of whom were girls, you would refer to them as 'mignonnes', not 'mignons', and 'douces' not 'doux'.
However, this changed around the turn of the 19th century, so that the masculine form takes precedence, and to this day those same rabbits are now 'mignons' and 'doux'.
Another rule that changed was the agreement of proximity. According to this rule, the adjective you use to refer to more than one noun will take the form of the noun it is closest too, regardless of the noun's gender. For instance, the two sentences 'Florence et François sont beaux' and 'François et Florence sont belles' would both be correct according to this rule. But once again, the rules changed so that regardless of the ordering of the nouns, the adjective will always be masculine so long as at least one of the nouns is masculine too.
Proponents of écriture inclusive — inclusive writing — point to this and other instances as examples of how the language can change over time to reflect the social values of the day. Indeed, English itself used to be gendered - albeit a very long time ago - but the fact this is no longer the case means being inclusive in English is a lot simpler and involves a lot fewer headaches!
Unlike English, however — indeed unlike the vast majority of languages — the French language is stewarded by a national body known as the Académie Française, who have historically been highly resistant to change within the language. In 2017, the Académie put out a statement proclaiming that because of 'this "inclusive" aberration, the French language is now in mortal danger, for which our nation is already accountable today to future generations.' Moves to make the language more inclusive are therefore not officially recognised.
À ce jour, aucune institution ne régit à proprement parlé ce mouvement en faveur d'un langage inclusif - ce qui signifie qu'il y a peu de consensus et beaucoup de confusion.
En effet, cette nébulosité est en partie ce que l'Académie a cherché à critiquer, en affirmant que « la multiplication des marques orthographiques et syntaxiques qu'elle induit aboutit à une langue désunie, disparate dans son expression, créant une confusion qui confine à l’illisibilité. »
Cependant, certaines institutions ont tout de même pris les choses en main. Des sociétés comme Netflix France et Canal+, ainsi que certaines administrations locales, ont commencé à utiliser le langage inclusif, mais souvent de manière dissemblable.
Lorsqu'il s'agit de proposer les différentes formes genrées d'un mot à l'écrit, l'option la plus courante, pour l'instant, consiste à mettre un point après la terminaison masculine puis à ajouter la terminaison féminine. Par exemple :
→ étudiant.e ; étudiant.e.s
Cela dit, certains préfèrent utiliser une barre oblique à la place du point, un trait d'union, ou autre chose encore. Et, comme l'indique le terme « écriture inclusive », ces mesures ne sont utilisées qu'à l'écrit. À l'oral, c'est une tout autre histoire.
Certains francophones, dans leurs conversations quotidiennes, n'utiliseront que des termes non genrés pour s'adresser à d'autres personnes. Par exemple, ils diront « le parent » plutôt que « la mère », « l'enfant » plutôt que « le garçon ». Bien que cela évite de faire des suppositions sur le genre d'une autre personne, cela restreint tout de même considérablement le répertoire de mots pouvant être utilisés. D'autres ont cherché à contourner cet obstacle en créant une nouvelle forme de neutre pour des mots qui n'en ont pas encore. Ainsi, au lieu de « danseur » ou « danseuse », on dira « danseureuse » ; au lieu « d'auteur » ou « autrice », on dira
« auteurice ».
Les pronoms sont un autre domaine où le français standard n'a pas officiellement d'option non genrée. L'anglais utilise, lui aussi, des pronoms masculins et féminins. Cependant ceux qui le souhaitent peuvent contourner ce problème en utilisant les pronoms de la troisième personne du pluriel « they » et « them », qui font office de neutre. En français, en revanche, les pronoms pluriels sont aussi genrés. Le singulier « iel » — un mélange de « il » et de « elle » — et le pluriel « iels » ont donc été proposés pour les remplacer. Cependant, même s'il s'agit de la suggestion la plus courante, d'autres néologismes ont aussi été suggérés, tels que « ellui » (un mélange de « elle » et « lui ») et « maon » (« ma » et « mon »), mais il n'existe pas encore de consensus strict.
Pour ceux qui hésitent à utiliser ces mots nouveaux —non officiels — vous pouvez toujours vous contenter d'utiliser le prénom au lieu du pronom. Par exemple, au lieu de : « Elle va au
concert », vous pouvez écrire ou dire: « Alexa va au concert » (à condition de parler d'Alexa, bien sûr !).
Unlike the Académie Française, there is no one institution spearheading the inclusive language movement — meaning there is little consensus, and much confusion. Indeed, this confusion is in part what the Académie has sought to criticise, claiming that it 'results in a disunited language, disparate in its expression, creating a confusion that borders on illegibility.'
However, some institutions have taken it into their own hands regardless. Companies like Netflix France and Canal+, as well as some local administrations, have started using the inclusive language in their literature - but often in different ways.
When it comes to offering both the masculine and feminine forms of a word in writing, so far the most common option is to put a dot after the masculine form and include any additional letters that would make it feminine. For example
→ étudiant.e ; étudiant.e.s
But some prefer to use a forward slash instead of the dot, or a hyphen, or something else altogether. And, as the term écriture inclusive implies, these measures are only used for written French. Speaking is a different matter altogether.
When it comes to everyday conversations, some French speakers will use exclusively non-gendered nouns when addressing their interlocutors. For instance, they might refer to 'le parent' rather than 'la mère', l'enfant instead of 'le garçon'. This resolves any issues that might arise from making assumptions about the other person's gender. But on the other hand it severely restricts the depository of words a speaker can use. Some have sought to get around this hindrance by inventing new forms for words that don't currently have a gender-neutral form. So, instead of 'danseur' or 'danseuse' they will say 'danseureuse'; instead of auteur or 'autrice' they will say 'auteurice'.
Pronouns are another area where standard French doesn't currently have a non-gendered option. While English also uses gendered pronouns, those who wish to are able to sidestep the issues by using the gender-neutral third person pronouns 'they' and 'them'. In French, on the other hand, the plural pronouns are also gendered, so the singular 'iel' — a blend of il and ellle — and plural 'iels' have been suggested as a replacement. Again, however, while this is the most common suggestion, other suggested pronouns include neologisms such as 'ellui' (a mix between 'elle' and 'lui' and 'maon' ('ma' and 'mon'), and there remains no strict consensus. For those wary of using these new - and unofficial - words, you can always resort to simply using the noun instead of the pronoun. For instance, instead of 'Elle va au concert', you could write or say 'Alexa va au concert' (provided you're talking about Alexa, of course!).
Historiquement parlant, l'inclusivité est un phénomène récent dans la langue française. Il reste encore beaucoup d'aspects à comprendre et à aplanir pour que celle-ci devienne vraiment inclusive. Maintenant, si vous décidez d'utiliser ce langage dans vos conversations quotidiennes, les gens vous comprendront généralement. Il est également utile de faire attention au genre grammatical utilisé lorsque vous parlez, et de tenir compte des préférences linguistiques de la personne à qui vous vous adressez - une chose à laquelle les apprenants de français devraient être attentifs de toute façon.
Chez Learn French with Alexa, nous continuons à vous enseigner le français tel qu'il est couramment parlé dans l'Hexagone et dans les pays francophones, mais notre mission est également de vous tenir au courant de ses évolutions. Le français reste une langue vivante, évoluant en permanence, qu'il s'agisse de l'adoption de mots de langues étrangères ou même de la réécriture des règles grammaticales pour rester dans l'air du temps.
Inclusive language is still, historically speaking, a recent phenomenon in French, and there remains much that needs to be figured out and agreed upon for the language to become truly inclusive. However, if you decide to use inclusive language in your everyday conversations, people will generally understand you. It is also a useful exercise to keep gender in mind whenever you're speaking, and to consider the gender and linguistic preferences of whom you're addressing - something which learners of French ought to be attuned to anyway.
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