The influence of French on the English language

Posted by Josh on 6th Jun 2023 in the blog in the category

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Intro


Apprendre le français n’est pas chose aisée (sauf si vous le faites avec Alexa, bien sûr!). Mais saviez-vous que si l'anglais est votre langue maternelle, vous possédez tout de même un gros avantage pour comprendre le français ?

En effet, environ 30 % de la langue anglaise provient directement du français. Pour vous donner une idée, le néerlandais, le norrois et autres langues germaniques représentent collectivement 26 % de la langue. À cela s'ajoutent 5 % supplémentaires d'emprunts venant du grec ancien. La seule langue pouvant prétendre à autant d'influence sur le vocabulaire anglophone est le latin. Cependant, la plupart des mots qui en sont dérivés sont utilisés dans le domaine scientifique. Après tout, avez-vous déjà entendu des mots comme « helminthology » (helminthologie)
ou « erythrocytes » (érythrocyte) ?

Cela dit, les mots les plus courants en anglais n'ont pas forcément non plus de racines françaises. De « you » (tu/vous) et « I » (je) à « and » (et), « of » (de) et « with » (avec), les mots les plus utilisés sont généralement d'origine germanique. Même si le français se taille la part du lion, il occupe une place intermédiaire entre le lexique d'utilisation usuelle et des mots qui ne sont utilisés que très rarement. Ce sont d'ailleurs des termes qui tendent vers la description, comme des noms et adjectifs, en particulier ceux se rapportant à l'esthétique, au droit, à la nourriture et à d'autres concepts plus abstraits.

Mais comment le français en est-il venu à dominer ces parties bien spécifiques de la langue anglaise et, par là même, à prendre une place aussi importante ? Pour le savoir, il faut se pencher sur l'histoire des deux langues.

Intro


Learning French isn't easy (unless you're learning with Alexa, of course). But did you know that if your first language is English, you have a huge advantage when it comes to understanding French?

That's because around 30% of the English language comes directly from French. To put that into context, Dutch, Norse and other Germanic languages collectively make up 26% of the language. Greek contributes as little as 5% of our words. The only language that can claim an equal share of our vocabulary is Latin, but most Latin-derived words are hidden away in the obscure realm of scientific terminology. Ever heard of 'helminthology' or 'erythrocytes'? Thought not!

That said, the most common words in English don't have French roots either. From 'you' and 'I' to 'and', 'of' and 'with' - our most indispensable words are generally Germanic in origin. So French, while claiming the lion's share of English, occupies a middle ground between the words we use every day and the words we've never heard of. These are words which tend towards the descriptive, meaning that they are often nouns and adjectives, particularly those related to aesthetics, law, food, and other more abstract concepts.

But how did French come to dominate this particular section of the English language, and by extension much of the language itself? To find out why, we need to take a look at the history of both languages.

La conquête normande


De nos jours, l'anglais est une lingua franca mondiale. Sur environ 1,5 milliard de personnes qui le parlent dans le monde, plus de 300 millions vivent aux États-Unis, 250 millions en Inde et plus de 100 millions au Pakistan et au Nigeria. Cependant, jusqu'au XVIe siècle, l'anglais n'était vraiment utilisé qu'en Angleterre. Il est à noter qu'avant le XIe siècle, « l'anglais », en tant que langue unifiée et cohérente, n'existait pas vraiment.

Avant l'année 1066, cette langue n'était d'ailleurs qu'un ensemble fragmenté de dialectes régionaux, chacun composé d'un assortiment de mots nordiques, saxons et germaniques.
En effet, au cours du premier millénaire, les Anglo-Saxons, les Vikings ou encore les Danois ont tour à tour envahi les terres anglaises, laissant chacun une trace de leur passage sous la forme de mots et d'expressions partagés avec la population locale. Quant aux Romains, ils constituent une exception notable. Bien qu'ils aient conquis les îles britanniques à trois reprises, ils n'ont pas laissé d'empreinte sur la langue, car ils n'ont eu que peu d'interactions avec la population autochtone. C'est donc au français que le latin doit son impact considérable sur la langue anglaise.

Si le français n'a joué aucun rôle dans l'histoire de la langue anglaise jusqu'au deuxième millénaire (après J.C), il en sera tout autrement par la suite. En effet, en 1066, les Normands, menés par Guillaume, duc de Normandie, envahissent l'Angleterre et battent l'armée d'Harold Hardrada, roi de Norvège, du Danemark et d'Angleterre, à la bataille d'Hastings, dans le sud du pays. À partir de là, ils partent à la conquête du reste du pays, imposant leur culture, leur langue et leurs coutumes dans les hautes sphères de la société anglaise.

Les Normands, comme leur nom l'indique, étaient originaires de Normandie. Aujourd'hui région administrative de France, elle était un duché indépendant au XIe siècle. Néanmoins, le français y était pratiqué, une langue bien loin des dialectes anglo-saxons utilisés par Hardrada et ses proches.

Le français n'a pas immédiatement remplacé les différents dialectes de l'époque. En fait, la plupart du temps, la langue n'est utilisée que par les conquérants normands eux-mêmes. Entre leurs mains, le français - tout comme le latin - devient la langue de l'Église, de la cour et du système juridique, tandis que la population autochtone, elle, continue d'utiliser ses propres dialectes. Cette dichotomie entre paysans anglo-saxons et nobles francophones est peut-être le mieux illustrée par les mots utilisés en anglais pour désigner les animaux de la basse-cour.
« Cows, sheep » et « pigs » (vaches, moutons et cochons) sont tous étymologiquement anglo-saxons, mais lorsque ces pauvres animaux sont abattus, cuits et servis sur un plateau, alors on parle de « beef, mutton » et « pork », des mots issus de la langue française.

En fait, la cuisine est un domaine dans lequel les Français se sont imposés (bien que cela soit en grande partie dû aux innovations françaises en matière de pâtisserie, de boulangerie et de cuisine au fil des siècles). D'autres secteurs de la culture et de la société représentant une part importante de la langue anglaise, et dont la gestion a été dominée par les Normands et leurs descendants, ont aussi été fortement influencés par la langue française. Il s'agit notamment de l'Église, du système juridique, du gouvernement – autant de domaines où les Normands, en tant qu'élites dirigeantes, exerçaient à l'époque un contrôle total, et dont la nomenclature reflète encore aujourd'hui cet héritage.

The Norman Conquest


Nowadays, English is a global lingua Franca. Of the roughly 1.5 billion people that speak it worldwide, over 300 million live in the U.S., 250 million in India, and over 100 million each in Pakistan and Nigeria. But until the 16th century, English was only really spoken in England. And as far back as the 11th century, 'English', as a unified, coherent language, didn't really even exist.

The important date here is 1066. Before this year, English was a fragmented collection of regional dialects, each an assortment of Norse, Saxon and other Germanic words. The English had been invaded many times throughout the first millennium, and each invading force, whether it was the Anglo-Saxons, the Vikings or the Danes, brought elements of their respective languages into the wider linguistic ecosystem of the country as they mixed with the local population. A notable exception was the Romans who, though they invaded the British Isles three times, failed to leave an imprint on the language, since they had little interaction with the native populace. Latin owes its significant role in English to the French, as we shall see.

Speaking of whom, French did not play any part in the story of English until the 2nd millennium AD, but when it did, the influence it had is difficult to overstate. In 1066, the Normans, led by William, Duke of Normandy, invaded England and defeated the defending army of Harold Hardrada, King of Norway, Denmark and England, at the Battle of Hastings in the south of the country. From there they went on to conquer the rest of the country, installing their culture, customs and language in the upper echelons of English society.

The Normans came from a region known as Normandy. Today, Normandy is an administrative region of France, but in the eleventh century it was an independent duchy. Nonetheless, the language they spoke was French - a very different language to the Anglo-Saxon dialects spoken by Hardrada and his kinsmen.

French did not immediately replace the native dialects that were spoken at the time. Indeed, it was mostly only spoken by the Norman conquerors themselves. In their hands, French – and to a similar degree, Latin – became the language de jure of the Church, the court and the legal system, while the native population continued to speak the same languages they had before the Conquest. This dichotomy between Anglo-Saxon-speaking, animal-rearing peasants and French-speaking, meat-feasting nobility is perhaps symbolised best in the words we use for farmyard animals in English. Cows, sheep and pigs are all etymologically Anglo-Saxon, but when these hapless animals get slaughtered, cooked and served on a platter, they become beef, mutton and pork – all words which derive from the French language.

In fact, cuisine is one area that the French came to stamp their seal on (although this is largely due to French innovations in patisserie, baking and cooking further down the centuries). Other sectors of culture and society which represent a significant portion of the English language, and whose stewardship came to be dominated by the Normans and their offspring, were hugely influenced by the French language. These include the Church, the legal system, the government – all areas where the Normans, as the presiding elites, held complete control, and whose nomenclature even today reflects this legacy.

« L'anglais moyen » : un mariage entre l'anglo-saxon et le français


Au fil du temps, le mélange entre les Normands et la population anglaise a conduit à une fusion entre les deux langues. Ces intégrations linguistiques ne se sont certainement pas faites sans heurts, et dans certains cas, l'orthographe française en est venue à supplanter l'anglo-saxonne. Par exemple, les conventions orthographiques françaises ont été adoptées, c'est pourquoi on écrit « queen » et non « cween », et pourquoi les lettres « ash » - ð, un « th » doux - et « thorn » - ƿ, un « th » dur - ont été supprimées. De nos jours, ces lettres n'existent plus qu'en islandais.

Néanmoins, le fait que les deux langues soient enfin réunies a contribué à poser les bases d'un royaume unifié. Cela a aussi contribué aux balbutiements de l'anglais que l'on utilise de nos jours. Plus connu sous le nom de « Middle English » ou « moyen anglais », ce créole médiéval aux nombreuses lettres est le genre d'anglais que les écoliers britanniques rencontrent aujourd'hui lorsqu'ils lisent les Contes de Canterbury de Geoffrey Chaucer. Prenons par exemple les quatre premières lignes du Prologue général :

Quand Avril de ses averses douces

A percé la sécheresse de Mars jusqu’à la racine,

Et baigné chaque veine de cette liqueur

Par la vertu de qui est engendrée la fleur

Sur les quinze noms, verbes et adjectifs utilisés dans ces lignes, neuf sont d'origine française. Il s'agit de mots qui, quelques siècles plus tôt, n'existaient tout simplement pas dans la langue anglaise. Par exemple, « April » et « March » étaient connus par les Anglo-Saxons comme « Eostur-monaþ » et « Hreð-monaþ » respectivement, tandis que le mot pour « flower » était « blōstma » – d'où l'anglais « blossom ». Il est vrai que les bases de la langue, y compris les mots extrêmement courants tels que les pronoms, les articles, les conjonctions, etc., restent largement les mêmes qu'avant la conquête, ce qui explique pourquoi on ne les considère pas comme des langues distinctes, mais plutôt comme des étapes différentes de « l'anglais ». Les Français y ont simplement donné un petit coup de neuf.

Middle English: A marriage of Anglo-Saxon and French


Over time, the mixing between the Normans and the native English population would lead to a synthesis between both languages. The linguistic integration wasn't entirely frictionless, of course, and in some instances French orthography came to supplant Anglo-Saxon as the standard. For example, French spelling conventions were inherited, even for Anglo-Saxon words – which is why we write 'queen', not 'cween', and why the letter 'ash' – ð, a soft 'th' – and 'thorn' – ƿ, a hard 'th' – were dropped. (Nowadays these letters are only found in Icelandic.)

Nonetheless, the fact that both languages were reconciled helped pave the way to a unified kingdom, and the earliest form of the English that is spoken today. Known as 'Middle English', this mediaeval creole is the letter-heavy language which many schoolchildren encounter today when they read Geoffrey Chaucer's The Canterbury Tales. Take the first four lines from the General Prologue, for example:

Whan that Aprill with his shoures soote

The droghte of March hath perced to the roote,

And bathed every veyne in swich licour

Of which vertu engendred is the flour

Of the fifteen nouns, verbs and adjectives used in these lines, nine are French in origin. These are words which, a few centuries earlier, simply did not exist in the English language. For instance, 'April' and 'March' were known by the Anglo-Saxons as 'Eostur-monaþ' and 'Hreð-monaþ' respectively, while the word for 'flower' was 'blōstma' – from which we get our word for 'blossom'. It's true that the basis of the language, including extremely common words such as pronouns, articles, conjunctions, etc., remains largely the same as it did before the Conquest, which is why we do not think of them as separate languages, but rather as different stages of 'English'. But the French gave it a fresh coat of paint.

De « l'anglais moyen » à « l'anglais moderne »


Bien sûr, l'anglais que nous parlons aujourd'hui est encore très différent de celui de Chaucer (c'est d'ailleurs pour cela que les écoliers britanniques ont tant de mal à le maîtriser !). Mais le français actuel est lui aussi différent de celui parlé à l'époque médiévale, à tel point qu'il est aujourd'hui connu sous le nom d'ancien français.

Les deux langues se ressemblent moins aujourd'hui qu'autrefois, car elles ont évolué séparément et à des rythmes différents. Par exemple, le mot anglais « incredible » est beaucoup plus proche de son ancêtre latin « incredibilis » que son équivalent français
« incroyable », bien que les deux mots aient la même source et que la France soit plus proche de l'Italie.

Lorsque les Normands se sont installés en Angleterre, ils ont été coupés du continent, à bien des égards ; la Manche est devenue tout autant une barrière linguistique que physique. Ce sentiment d'isolement par rapport à la Normandie s'est intensifié lorsque le Royaume de France s'est emparé de ce duché en 1202, laissant les Anglo-Normands sans autre endroit que le pays où ils s'étaient installés. Pendant la guerre de Cent Ans (qui, malgré son nom, a fait rage par intermittence pendant 116 ans, de 1337 à 1453) entre l'Angleterre et la France, l'hostilité entre les deux royaumes a atteint de nouveaux sommets. Les Anglais commencent d'ailleurs à se retourner contre tout ce qui est français. L'anglais supplante donc progressivement le français comme langue vernaculaire de l'enseignement et des tribunaux (bien qu'il conserve tous les éléments français accumulés depuis la conquête normande). En 1362, Édouard III est le premier roi à s'adresser au parlement en anglais.

Bien que l'anglais ait continué à évoluer et ait évincé le latin de sa position prééminente dans les hautes sphères de la société, pour s'imposer en Grande-Bretagne - et plus tard dans le monde, il n'a plus jamais connu de transformation du type de celle provoquée par les Normands. Cela dit, en raison des relations étroites entre la France, le Royaume-Uni et les États-Unis, et de l'influence culturelle constante de la France, les « francismes » ont continué à se glisser dans la langue.

D'autre part, de nombreux anglicismes ont eux aussi trouvé leur place dans le français moderne, au grand dam de l'Académie française (lien vers le blog). Aujourd'hui, les Français parlent de
« selfies » et de « jogging » aussi facilement que les Anglais parlent de « fiancé(e)s » et de « bureaux de change ». Ces deux langues ont donc bien plus en commun qu'on ne le pense, notamment une histoire commune qui remonte à près de mille ans, mais aussi, incontestablement, un avenir commun.

From Middle to Modern English


Of course, the English we speak today is still very different from Chaucer's (which is why schoolchildren have such a hard time with it!). But so too is today's French different from the français spoken in the medieval period, to the extent that it is nowadays known as Ancien français (Old French).

Both languages are less similar now than they used to be, having evolved separately and at different speeds. By way of example, the English word 'incredible' is much closer to its Latin ancestor, 'incredibilis', than the French equivalent, 'incroyable', despite the fact that both words have the same source, and that France is closer to Italy.

When the Normans settled in England, they became in many ways cut off from the mainland; the English Channel became a linguistic, and not just physical, barrier. This sense of isolation from Normandy intensified when Normandy was seized by the Kingdom of France in 1202, leaving the Anglo-Normans with nowhere to call home except the country they had settled in. During the Hundred Years War (which, despite its name, raged on and off for 116 years, from 1337-1453) between England and France, the hostility between both realms reached new heights, and the English began to turn against all things French. English gradually supplanted French as the vernacular language of instruction and the courts (although it retained all the French elements it had accrued since the Norman Conquest). In 1362, King Edward III became the first king to address parliament in English

While English continued to evolve, and, as it elbowed Latin out of its pre-eminent position within certain strata of society, to become more dominant in Britain - and eventually the world - it would never again undergo any kind of transformative moment of the sort brought about by the Normans. That said, due to the close relationship between France and the UK and US, and France's abiding cultural influence, Frenchisms have continued to creep into the language.

On the other hand, many Anglicisms have found their way into modern French, much to the chagrin of the Académie française (link to blog). Nowadays, the French speak of 'selfies' and 'jogging' just as readily as the English speak of 'fiancé(e)s' and 'bureaux de change'. These two languages have more in common than most people realise, including a shared history that reaches back nearly a thousand years – and, no doubt, a shared future, too.

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